L'inventeur du LSD fêtera ses 100 ans
Albert Hoffmann a mis au point le LSD il y a 60 ans, dans les laboratoires Sandoz, à Bâle.
Le chimiste suisse Albert Hofmann, qui a découvert par hasard le LSD il y plus de 60 ans, fête mercredi son centième anniversaire. Il n'imaginait pas que cette drogue aux effets hallucinogènes le ferait passer à la postérité comme «M. LSD».
Il ne se dit toutefois pas surpris d'être entré dans l'histoire pour ce produit, alors qu'il en a élaboré d'autres.
Né en 1906 à Baden (AG), Albert Hofmann a travaillé comme chercheur dans les laboratoires pharmaceutiques du groupe bâlois Sandoz de 1929 à 1971. Ses travaux ont aussi conduit à des médicaments à succès comme le Methergin, l'Hydergin ou le Dihydergot.
"Pas surpris"
Interrogé par l'ATS, le chimiste aujourd'hui installé à Leimental près de Bâle n'est toutefois pas surpris d'être entré dans l'histoire uniquement comme «M. LSD». C'est «tout de même un produit spécial» puisqu'il agit sur la conscience, qui nous distingue des animaux.
Sous l'emprise du LSD, on voit, on entend et on sent différemment, de manière très intense, et ce dès une dose infirme, relève Albert Hofmann. Lui-même a fait le premier trip par hasard, le 16 avril 1943, en étudiant les alcaloïdes de l'ergot du seigle afin de créer un stimulant circulatoire et respiratoire.
La goutte magique
Cinq ans après avoir découvert un 25e composé, le diéthylamide de l'acide lysergique (LSD 25), Albert Hofmann en fait tomber par inadvertance une goutte sur la main. Il est alors troublé par d'étonnantes sensations: angoisse, vertiges, visions surnaturelles, objets se mouvant dans l'espace, sentiment de bonheur et de gratitude. Un nouveau test produit les mêmes effets trois jours après.
A cette époque, Albert Hofmann n'imagine pas que sa découverte sera glorifiée par des millions de personnes, écrit-il dans son livre «LSD, mon enfant terrible». Pour lui, la substance sera utile en psychiatrie ou en neurologie. Entre 1947 et 1966, Sandoz va d'ailleurs produire du LSD en dragées et en ampoules destinées au corps médical.
Mais des abus lui donnent mauvaise réputation. Surtout aux Etats- Unis, le LSD devient au début des années 1960 la drogue numéro un dans le mouvement hippie. Elle finit par être interdite et Sandoz cesse de la produire. L'interdiction aux Etats-Unis est malheureusement beaucoup plus sévère que pour beaucoup d'autres substances dangereuses, commente le chercheur.
Pas pour rire
Le LSD n'est pas une «drogue de plaisir», son absorption à la légère peut être «extrêmement dangereuse», prévient son inventeur. Le LSD a des effets similaires à des «drogues sacrées utilisées au Mexique». Comme certaines d'entre elles, il peut toutefois produire des miracles s'il est intégré à une cérémonie rituelle avec l'accompagnement nécessaire.
Albert Hofmann renvoie d'ailleurs aux succès thérapeutiques enreigstrés avec le LSD en psychanalyse avant l'interdiction de la substance. Depuis, des scientifiques américains et européens de premier plan se sont prononcés pour un assouplissement de l'interdiction du LSD dans la recherche et en thérapie.
Scène rave
Alors que les efforts de réhabilitation scientifique piétinent, le LSD a déjà fait un retour sur la scène de la drogue. Dans les années 1990, il est brièvement revenu à la mode sur la scène rave.
8 janvier 2006 12:29 //
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